Comédien américain né le 25 juillet 1894 à Swampscott (Massachusetts). Ingénieur de profession, il préfère choisir la carrière d’acteur, participant d’abord à des vaudevilles avant d’être mobilisé au cours de la Première Guerre Mondiale. De retour à la vie civile, il débarque à Hollywood en 1923 et commence une carrière de figurant professionnel et de «cascadeur». Il lui faudra attendre quatre ans avant de voir son nom inscrit pour la première fois au générique. Dès lors, il tourne sans discontinuer et devient l’un des acteurs de complément les plus versatiles et les plus populaires de son temps. Walter Brennan remporte son premier Oscar du meilleur second rôle masculin dès 1936 avec sa création de Swan Bostrom dans LE VANDALE, puis obtient son second Oscar deux ans plus tard avec sa composition du vieux Peter Goodwin dans KENTUCKY. En 1940, il se voit à nouveau honoré par un Oscar en incarnant un truculent juge Roy Bean dans LE CAVALIER DU DÉSERT aux côtés de Gary Cooper. Il sera ainsi le premier comédien à avoir gagné trois fois le prestigieux trophée en moins de cinq ans.
Sans compter qu’il sera nommé pour un quatrième Oscar en 1941 en étant le pasteur Rosie Pile dans SERGENT YORK ! Ce qui ne l’empêchera pas d’incarner quelques autres personnages inoubliables — et la plupart du temps sympathiques — comme Eddie, le compagnon excentrique et alcoolique inséparable de Bogart dans LE PORT DE L’ANGOISSE. Mais son talent versatile lui permettra tout aussi bien de camper des méchants singuliers, tel le chef de clan et chef de gang Clanton dans LA POURSUITE INFERNALE. Il avait coutume d’attribuer ce qu’il appelait sa chance au fait qu’un malencontreux coup de sabot de cheval durant un tournage en 1932 lui avait cassé toutes les dents de devant : «Après ça, je n’avais plus qu’à sourire et la partie était gagné !», affirmait-il non sans humour. Walter Brennan est apparu dans un très grand nombre de westerns. «Il a, sinon créé, du moins porté à sa perfection le type du vieux cow-boy hirsute et édenté, chiqueur, buveur, blagueur, fertile en évocations nostalgiques et en plaisanteries misogynes», écrivent Jean Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier (in «Trente Ans de Cinéma Américain», éditions CIB).
Devenu presque l’acteur de complément par excellence, il fut l’un des comédiens favoris des plus grands cinéastes, qui diversifièrent ses prestations : Hawks surtout (cinq films dont RIO BRAVO dans lequel il incarne Stumpy, la «quintessence» de son personnage de vieux «dur à cuire», sympathique et râleur), Capra (le clochard rebelle de L’HOMME DE LA RUE), Renoir (le vieux solitaire de L’ÉTANG TRAGIQUE, rôle qu’il reprit dans PRISONNIERS DU MARAIS de Jean Negulesco), Walsh (Pop Keith, injustement accusé de meurtre dans LE DÉSERT DE LA PEUR), et aussi Fritz Lang (LES BOURREAUX MEURENT AUSSI), Mann (JE SUIS UN AVENTURIER), John Sturges (UN HOMME EST PASSÉ). À partir de 1956, il était devenu vedette de séries télévisées : «The Real McCoys», «Guns of Will Sonnett», «Tycoon», «To Rome, With Love». Il était à la ville un curieux vieillard excentrique, professant des idées d’extrême droite, «misanthrope, inquiet et désabusé malgré son immense réussite» (op. cit.), une personnalité qui présentait de curieuses analogies avec son personnage de cinéma. Walter Brennan est mort d’un emphysème à Oxnard (Californie) le 21 septembre 1974.